23 July 2018

La Terre des morts / Jean-Christophe Grangé



Les romans de Jean-Christophe Grangé ont tous un air de famille et talonnent un personnage type : rebelle, asocial, situation familiale compliquée (c'est le moins qu'on puisse dire), un peu nul sans vouloir se l'admettre, souvent flic et habituellement masculin, mais pas que. Il y a toujours une énigme à résoudre, qui apparaît au départ simple, mais devient mille fois plus glauque qu'il n'en paraît tout d'abord.

Dans La Terre des morts, notre héros bien malgré lui se nomme Stéphane Corso. Oui, il est flic — et père, ce qui n'arrange rien. Commandant à la Brigade criminelle, il doit enquêter sur le meurtre d'une strip-teaseuse atrocement défigurée et sadiquement torturée, auquel succède bientôt un autre crime identique. S'agit-il d'homicides commis par un client déséquilibré de la boîte où travaillaient les deux victimes? Par un désaxé amateur de SM? Si vous avez déjà lu un roman de cet auteur, vous savez fort bien que l'intrigue ne pourrait se limiter à une trame aussi élémentaire.

Dans son style si distinctif — sec, dépouillé, heurté, mais réussissant pourtant à créer un environnement totalement immersif —, Grangé explore ses deux thèmes fétiches : le mal et l'identité. C'est d'après moi autour de ce dernier point que ses réflexions offrent le plus d'intérêt, notamment en s'interrogeant sur la différence entre la personne qui commet un crime et celle qui se charge de l'enquête.

En ouvrant ce livre, attendez-vous à lire des descriptions explicites, avec violence et sang en prime. Être fan de cet auteur exige un estomac bien accroché et un moral au beau fixe, ou du moins une tolérance élevée pour la descente aux enfers en apnée. Malgré ces quelques mises en garde, sachez qu'on apprend toujours des choses fascinantes, que les personnages sont très bien dessinés et intéressants, et qu'on ressent tellement bien les atmosphères que c'en est parfois troublant. Bref, s'enfiler plusieurs romans de Grangé à la suite, c'est comme lire trop de Balzac : au bout d'un moment, on perd tout espoir en l'être humain. À consommer avec parcimonie, donc.

Pour rester dans la métaphore gastronomique, comme plusieurs des romans qui l'ont précédé, La Terre des morts est bien goûteux mais souffre d'une surabondance d'ingrédients qui finissent par gâcher la sauce — un peu comme si l'auteur avait jeté dans la marmite tous les fragments accumulés sans se demander si le résultat serait harmonieux. À force, le mélange devient quelque peu indigeste... Ça explique en partie pourquoi je préfère les premiers bouquins de J.-C. Grangé; je n'aime pas les intrigues simplistes, mais TROP c'est comme PAS ASSEZ, et l'excès de revirements engendre le torticolis.



J'ai emprunté ce livre à ma bibliothèque locale.

Cote : ***

No comments:

Post a Comment

Your comments are welcome, in English or en français.